Les orchidées : un patrimoine naturel protégé à Madagascar
Les orchidées sont des plantes herbacées de la famille des orchidacées. On dénombre de 25 000 à 30 000 espèces dans le monde, réparties dans presque tous les pays ; c’est l’une des plus importantes familles de plantes à fleurs. On les retrouve dans tous les milieux naturels (exceptés les déserts et les cours d’eau), principalement dans les régions tropicales, où elles apprécient pousser à l’ombre des forêts. Les orchidées sont caractérisées par leurs fleurs à trois pétales ; en région tropicale, ce sont des plantes majoritairement épiphytes, c’est-à-dire qu’elles se servent d’autres plantes comme support de croissance. Le développement des orchidées est très intimement lié à leur environnement : en effet, elles ont développé au cours du temps des stratégies de survie pour s’adapter, notamment en tissant des relations étroites avec la faune et la flore environnantes.
L’évolution des orchidées sur l’île de Madagascar
A Madagascar, on retrouve principalement les orchidées sur la côte est de l’île, à l’intérieur des forêts. L’île de Madagascar possède la plus grande diversité d’orchidées au monde : l’île compte 1 200 espèces d’orchidées, dont un millier environ lui est endémique, c’est-à-dire qu’elles ne sont originaires que de l’île. Cette diversité exceptionnelle est due à la situation géologique et géographique de l’île : son détachement de l’Inde et de l’Afrique, il y a environ 160 millions d’années, l’a isolée et a engendré le développement d’écosystèmes particuliers. Sa situation insulaire l’a également longtemps isolée des perturbateurs extérieurs : le foisonnement et la diversité des espèces endémiques ont été encouragés par le peuplement humain tardif, qui n’a eu lieu qu’aux alentours de -2 000 avant J.-C., et par l’absence relative de prédateurs.
Une pérennité dûe à des capacités d'adaptation exceptionnelles
Cette diversité d’orchidées n’a pas seulement été permise par l’absence de perturbateurs, mais également par la capacité des orchidées à elles-mêmes s’adapter pour survivre dans leur environnement. Leur pérennité a en effet été rendue possible par le développement d’un réseau de relations avec la faune et la flore environnantes : fourmis, oiseaux, papillons, insectes… Les orchidées se reproduisent par une pollinisation dite entomophile, c’est-à-dire que les étamines (pollen des organes de reproduction mâles) doivent être transportés jusqu’aux pistils (organes de reproduction femelles) ; de très petite taille, ces étamines peuvent être transportées au gré des vents, mais dépendent la plupart du temps d’un animal dit pollinisateur, qui transportera lui-même les semences jusqu’aux pistils. Pour se reproduire, les orchidées sont donc très dépendantes de ces petits animaux et beaucoup d’espèces ont développé des stratégies pour les attirer, comme des leurres visuels ou olfactifs. Par exemple, l’orchidée Satyrium, que l’on retrouve à Madagascar, produit un nectar dont la saveur très précise attire un petit oiseau de l’île, le souimanga, qui servira de pollinisateur ; quant à l’orchidée Leporella finbriata, elle attire les fourmis Myrmeca grâce à l’émission de phéromones précises.
La reproduction en laboratoire des espèces endémiques a permis d’en sauver de nombreuses. Malgré une protection de plus en plus étroite et la mise en place de sanctuaires, certaines orchidées sont aujourd’hui très rares à l’observation à Madagascar. L’orchidée noire, ou Cymbidiella falcigera, par exemple, se rencontre plus facilement en élevage qu’à l’état naturel, ainsi que l’Eulophiella roempleriana et sa couleur rose soutenu. D’autres espèces d’orchidées, comme l’une des plus connues, la vanille, ont quant à elles été importées d’autres environnements et se sont largement développées sur l’île.